NATIONALE / FICHE CLUB SURESNES :
Suresnes a l’ambition de gagner… Sur tous les terrains
L’emblème du Rugby Club de Suresnes comprend la treille et le saxophone. La vigne du Mont Valérien, qui offre à la ville quelques bouteilles annuelles dignement fêtées lors de chaque vendange, le saxophone, parce qu’à sa création en 1973, les joueurs s’amusaient qu’on les considère meilleurs en musique, grâce à leur fameuse bandas, qu’au rugby ! Aujourd’hui, le club est un taulier de la division Nationale. Il a terminé le dernier exercice en demi-finale, face au futur promu niçois. Ça n’est plus la même musique…
Le chef d’orchestre du sportif est un grand joueur. Par la taille, avec ses 2,00 mètres. Par la carrière : 5 Brennus (1998, 2000, 2003, 2004, 2007), une coupe de France et 2 finales de coupe d’Europe (2001 et 2005) avec le Stade français. Egalement 41 sélections au poste de 2ème ligne, qui lui valent 2 Grands Chelem (2002 et 2004) et une finale de coupe du monde en 1999. « Bibi » Auradou passe de « l’autre côté » au Stade montois. Il y recroise celui qui, suresnois depuis 9 saisons, est aujourd’hui son adjoint en charge des avants, le plus nordiste des franciliens, le dunkerquois Guillaume Leleu.
L’ancien Stadiste (français et montois lui aussi, donc) et Puciste est partagé sur l’entame de championnat de son collectif : « L’ambiance est bonne sauf qu’on reste sur notre faim avec un début de saison un peu en demi-teinte par rapport à nos ambitions et à ce qu’on a fait l’année dernière. On ne démarre pas bien nos matchs. On a ces vingt premières minutes pendant lesquelles on prend trop de points. On prend le bonus défensif à Narbonne, à Rouen on n’est pas loin. Mais là où ça souriait l’année dernière, cette saison ça ne sourit pas. Ça fait partie du sport, ce grain de sable qui gêne la mécanique ».
De là à se dire que c’est le meilleur moment pour battre Suresnes, il n’y a qu’un pas. D’ailleurs, Guillaume se méfie beaucoup de l’OMR, club qu’il suit de près. Mais il reste confiant dans ses troupes : « Il n’y a pas péril en la demeure, le groupe est sain, les mecs sont présents. La Nationale, ce sont des matchs compliqués tous les week-ends, souvent ça se joue à peu de choses. C’est apparemment un peu ce que vous avez connu avec Marcq. Nous ne marquons pas suffisamment sur nos temps forts. Et on peut prendre beaucoup de points sur certains temps faibles, même très courts ! »
« C’est peut-être le bon moment pour nous prendre ? J’ose espérer que non ! Les joueurs ont l’habitude du niveau et vous êtes une équipe qui fait peur. Comme toutes les équipes de la poule. Il ne faudra pas vous donner trop de ballons de relance, avec vos joueurs, sur les lignes arrières, qui aiment les espaces. Face à Carcassonne, vous faites un bon match, ça vous met dedans, et vous allez donc viser un gros match contre nous. Et nous faisons certainement moins peur que l’année dernière. Vous, vous allez jouer crânement votre chance à domicile ! Je suis du coin, Marcq c’est une équipe que je suis, je connais vos forces. J’avais vu le match contre Cognac l’année dernière, je me souviens que dès qu’ils avaient commencé à jouer au pied, vous aviez trouvé des espaces et vous étiez revenus. Marcq c’est une équipe qu’il ne faut surtout pas négliger ».
Suresnes avancera donc la tête froide en terres marcquoise, consciente que l’objectif final se dessine pas à pas. Comme la construction du club. Olivier Pouligny, champion de France Reichel avec Montauban en 1987, année de la 1ère coupe du monde, vit sa 7ème saison en qualité de co-président. Depuis son arrivée, le club a créé son centre de formation, installé un terrain synthétique sur le vieux stade Jean Moulin, au sommet du Mont Valérien. Les infrastructures progressent chaque saison. Les équipes jeunes évoluent en élite. Le club compte en tout 650 licenciés.
Tout pour se faire une belle place au soleil de la banlieue ouest de Paris : « La place, il faut avoir envie de se la faire. Ça n’est ni plus facile ni plus compliqué qu’ailleurs. Le nerf de la guerre c’est l’argent et la capacité du club à emmener les partenaires sur plusieurs années. Les tribunes ne sont pas pleines, il faut créer l’engouement » explique le co-président.
Du coup, le RCS travaille, comme l’OMR et d’autres, dans le champ de cette « fédération à missions », cheval de bataille de Florian Grill, président de la FFR, afin d’attirer de nouveaux partenaires : « La démarche qu’on a est de travailler sur le mode RSE/inclusion. On a créé un fond de dotation pour cela. Les pratiques rugby santé, rugby adapté peuvent plaire à des entreprises. Et on a la Défense juste à côté. On essaye d’aller chercher d’autres fonds avec des entreprises qui sont davantage intéressées par la démarche citoyenne que par le rugby. On a démarré y a un peu plus d’un an. Les mécènes choisissent leur champ d’action et on embarque les entreprises sur ces domaines. »
Le RC Suresnes est en Nationale depuis la (re)création de cette poule, c’est son 3ème exercice à ce niveau-là. Olivier Pouligny sait ô combien l’équilibre financier est précaire dans ce championnat. Il est témoin de son évolution : « On a vu que ça a tâtonné, avec d’abord une course à l’armement. Puis on constate que les clubs sont devenus beaucoup plus raisonnables en dimensionnant leurs dépenses. On a un championnat sportivement super, mais sur le plan financier et structurel, en train de se chercher. C’est normal que ça se tasse sinon ça se finit par des catastrophes comme on a pu voir… (*) À Suresnes, on fait partie de ces dirigeants responsables qui ont cherché à maîtriser leur budget tout en développant des sources de revenus nouvelles avant d’engager des dépenses supplémentaires ». Pour l’heure un pari gagnant sur le plan économique.
Un pari qui voudra donc être gagnant également sur le synthétique du Stadium, un terrain qui rappelle quelques beaux souvenirs à Guillaume Leleu : « On va jouer sur le terrain annexe où on s’entraînait le mardi avec le LMR (**). Je l’ai aussi connu quand j’étais gamin avec le centre élite. C’est un match qui aura une odeur particulière pour moi. J’espère qu’on mettra tous les ingrédients pour gagner. Parce qu’on a l’ambition d’aller gagner partout et prendre des points à tous les matchs ».
Stanislas Madej
(*) : Olivier Pouligny fait allusion aux clubs de Blagnac et de Hyères-Carqueiranne-La Crau, relégués financièrement de Nationale en divisions inférieures en 2024
(**) : LMR : Lille Métropole Rugby. Club qui évoluait au Stadium LM. Promu sportivement en Pro D2 en 2015, il est interdit de montée et est placé en liquidation dans la foulée.