Ce sont des Lions qui viendront affronter l’OMR ce samedi, lors d’un match-événement voulu par les Jaune et Bleu : la rencontre se disputera devant près de 10 000 spectateurs, du jamais vu pour les Marcquois.
Des Lions, parce que c’est l’emblème du Rouen Normandie Rugby, nouveau nom depuis sa professionnalisation. L’ex-pensionnaire de Pro D2 et actuel leader de la Nationale se déplace avec méfiance dans le Nord, convaincu que le public
particulièrement nombreux, associé aux évidents progrès de l’équipe, transforment l’OMR en un adversaire à redouter…
Comment parler de Rouen sans commencer par ce joueur qui a marqué l’histoire du rugby au travers d’un triste événement climatique, le trois-quart aile international (2 sél. contre Galles et Irlande) de l’AS Montferrand, Jean-François Phliponeau ? Lors d’une rencontre de préparation en triangulaire opposant l’ASM à Aurillac et Vichy, le 8 mai 1976, Phliponeau est frappé par la foudre et meurt sur le terrain du stade Marcel Michelin. Il est âgé de 25 ans. Son nom sera donné à la tribune nord du stade des Jaune et Bleu d’Auvergne, ainsi qu’à l’un des championnats de France Junior. Né en Algérie, c’est à Rouen qu’il a accompli une grande partie de sa carrière.
Phliponeau fait partie des internationaux qui ont marqué l’histoire du RC Rouen, ancêtre de l’actuel Rouen Normandie Rugby, en compagnie de Karl Janik et Gabin Villière. Sans oublier un certain demi de mêlée nommé Dupont. Clément Dupont. Le capitaine de l’équipe de France… Vice-championne olympique en… 1924 (défaite de la France face aux USA à Colombes 17-3).
L’histoire contemporaine du RNR débute elle en 2009, avec un premier changement de nom, une accession en Fédérale 1, qui mettra enfin le club normand sur les rails du rugby professionnel, après des tentatives vaines par le passé. Fini les derbys contre Evreux et Le Havre, place, dès 2019, à la Pro D2. Rouen y restera jusqu’en mai dernier, avant la descente en Nationale.
Une descente qui a vu partir nombre de joueurs : « C’est très compliqué à gérer une descente. On perd des joueurs, les entraîneurs partent de gré ou de force, c’est un renouvellement très important.
C’est douloureux émotionnellement, surtout pour des joueurs qui étaient là depuis longtemps, d’autant plus avec ce scénario à la dernière minute du dernier match », raconte Philippe Marty, président de la SASP. Pour autant, le RNR est premier ex aequo de Nationale, avec Carcassonne, après
9 journées, et reste sur un succès probant (26-19) face à Chambéry lors de son dernier match.
« On est plutôt content du début de saison comptablement », explique Philippe Marty. Son entraîneur, Jérôme Dunay, complète : « On est dans une envie de confirmer nos prestations à domicile en faisant un déplacement à l’extérieur, ce qui ne nous est pas arrivé depuis plus d’un mois : on a eu 3 matchs consécutifs à domicile, ce qui est rare ».
Et quel déplacement ! Les rouennais sont très enthousiastes à l’idée de jouer au Stadium devant 10 000 spectateurs, ils contribuent d’ailleurs au succès de ce défi en s’accompagnant d’au moins deux cars de supporters : « L’idée elle est super ! » applaudit Marty. « Tout ce qui consiste à promouvoir le rugby, une belle entente entre les clubs, on dit oui ! C’est beaucoup plus sympa d’avoir 10 000
personnes dans un stade que 300 ! Pendant des années, les déplacements étaient lointains, les supporters nous suivaient peu ». « Déjà on trouve ça ultra positif, c’est aussi une vraie marque de respect », ajoute Dunay, pour qui « ça met aussi nos régions en lumière, on travaille dur, on fait beaucoup d’efforts pour la formation, on est aussi très loin derrière le football. Ça nous amène nous aussi à réfléchir à comment on peut remplir le stade Diochon ! C’est une très belle occasion, ça montre aussi l’inventivité et les initiatives de l’OMR. Ça n’est pas d’aujourd’hui qu’il y a du rugby en Normandie
ou dans le Nord, même si on a su mal à exister médiatiquement ou même au niveau de la fédé. Donc c’est un super message. Et puis c’est toujours excitant de jouer devant du public, même si on sait que ce sera une force de plus pour Marcq ! »
Une force qui invite donc Rouen au respect et à la précaution, comme l’explique l’entraîneur : « On a regardé attentivement l’OMR, équipe qui produit du jeu et a obtenu des victoires significatives, qui est en progrès. On est vraiment méfiant car on sait aujourd’hui que le classement ne révèle pas le niveau
de l’équipe ».
Le RNR est un club qui, aujourd’hui, travaille d’une façon très proche de l’OMR. Son objectif est de remonter en Pro D2 dans les deux ans. Il veut s’appuyer sur sa région, donc sur la formation : « Le projet est voulu par l’actionnaire principal Jean-Louis Louvel comme un projet régional. Donc le
rayonnement va au-delà de Rouen. C’est un projet normand, on y tient. Quand on regarde, on n’a jamais eu autant de joueurs régionaux sur le terrain. Parce qu’on commence dès les moins de 14 ans avec les clubs normands et on s’évertue, avec Jérôme Dunay, à faire grandir ceci, c’est l’essence même
du projet. Mais il y a beaucoup de concurrence avec le hockey sur glace, deux clubs de foot en Nationale, le basket, le base-ball… »
Et cela paye. En effet, le club a dû renouveler une grande partie de son effectif et s’appuyer sur ses jeunes. Ils sont 8, issus des Espoirs, à avoir joué depuis le début de saison. Une des forces du club. Quant au collectif, la star, c’est l’équipe, comme l’explique son coach : « Notre point fort c’est l’homogénéité ! On n’a pas de vrai point fort, on alterne. Notre style de jeu n’est pas clairement identifié. A mon sens, en revanche, on a un groupe très homogène. »
Stanislas Madej