Yannick Ringot : « L’OMR a besoin et envie de phases finales ! »
L’OMR Marcq Rugby Lille Métropole est aujourd’hui 5ème de la poule 1 du championnat de Nationale 2, à 10 points du 4ème Niort, donc éloigné de cette position, seulement à 4 points du 6ème Anglet et sous la menace comptable du Bassin d’Arcachon (7ème à 8 points). L’OMR est-il à sa place ? Quel enjeu représente la participation aux phases finales (play-off) ? Comment s’y préparer au mieux, physiquement ET mentalement ? Profitant d’une semaine sans match, Yannick Ringot, le responsable de la performance des Jaune et Bleu, apporte son éclairage.
OMR : Yannick, l’OMR est-il actuellement à sa place au classement ?
Yannick Ringot : Oui car on est inconstant en termes de résultats. On a perdu l’invincibilité à domicile. C’est un objectif que l’on n’a pas su atteindre. Il y a donc une déception. Et en conséquence, nous ne sommes pas classés de la meilleure des façons pour nous qualifier en barrage. Et encore moins à domicile. Le risque est donc de jouer ce match à l’extérieur. Néanmoins, ça n’est pas forcément un problème car l’équipe est capable de grandes choses. Le facteur qui fera la différence sera la constance, la capacité à réitérer les bons matchs que l’on a réussi à jouer et gagner.
Une des clefs : il reste trois matchs, deux à la maison et un à l’extérieur. Chacun doit être appréhendé comme un match de phase finale afin de rechercher cette constance de produire ce que l’on veut mettre en place et régler les détails qui permettront de réitérer des matchs pleins.
OMR : Comment, avec ton équipe, tu prépares les joueurs à ces échéances ?
YR : On se fixe des objectifs d’équipe. On voit si on est en mesure ou pas de les réaliser. Par exemple l’invincibilité à domicile. Concernant l’approche de la période physique, pour les phases finales, habituellement, tu peux laisser certains cadres au repos et donner du temps de jeu à d’autres joueurs. Mais notre effectif actuel ne nous le permet pas pour l’instant. On a eu des départs, des blessures assez graves et donc longues. Des joueurs d’expérience ou de puissance nous ont fait défaut sur les derniers blocs, comme Nino (Maso, NDLR), Hugues (Crespo, NDLR) ou Mark (Erasmus, NDLR). Du coup la capacité de turnover est réduite et complique cette période d’affûtage. La période d’affûtage étant une modification des charges de travail. Ca commence par du développement pour ces joueurs cadres, ce qui revient à augmenter les charges, tout en leur donnant moins de temps de jeu. A l’approche de l’échéance, pour l’ensemble du groupe, on réduit les volumes d’entraînement et on optimise la qualité et l’intensité. Mais actuellement, on ne peut plus se permettre d’avoir cette stratégie.
OMR : Du coup cette semaine de pause est particulièrement bienvenue…
Les joueurs se sont beaucoup engagés. Cette semaine off nous permet de régénérer tout le monde, physiquement et mentalement, pour attaquer avec de la fraîcheur le prochain bloc. Après on va s’appuyer sur ce qui a fonctionné : les meilleures collaborations et connexions sur le terrain. On va également compter sur le retour des blessés pour bien finir l’année. Et principalement, on veut faire en sorte que les joueurs vivent une belle aventure humaine entre eux au travers des phases finales.
OMR : Ces phases finales, ou play-off, les joueurs en ont besoin et envie, mais ils ne sont pas les seuls !
En effet, ce dont a besoin le club est de vivre des phases finales. Parce que l’OMR a été promu par sa constance budgétaire et ses résultats satisfaisants. Hormis la double victoire face à Oloron, on n’a jamais eu de véritable parcours de phases finales. C’est donc l’un des enjeux pour le club : vivre cette opportunité, avec cet espoir qui grandit à chaque tour que l’on franchit. C’est vraiment l’un des enjeux de la saison. Côté sportif, on ira « une marche à la fois », mais c’est bien l’enjeu. Parce que c’est ce qui soude un groupe, qui crée une dynamique sur plusieurs saisons. C’est moteur pour les saisons suivantes. Et évidemment, le public et les partenaires ont envie et besoin de vivre cela eux aussi.
OMR : Est-ce qu’aujourd’hui, au-delà de la préparation mentale, tu entraînes réellement les cerveaux des joueurs ?
D’abord, l’approche mentale est abordée dans nos échanges au sein du staff. La manière de présenter les choses, de communiquer avec les joueurs. On a cette thématique dans l’agencement des entraînements, sur le renouvellement des contenus. Au niveau du groupe, les joueurs sont associés à des objectifs, les leaders de jeu sont responsabilisés sur le développement de certaines stratégies. Sur les besoins spécifiques, donc individuels, on est également présent comme ressource. Tout joueur qui a une demande sur le coaching mental est pris en charge et accompagné.
Mais à dire vrai on ne fait pas de véritable coaching mental sur le club de manière institutionnalisée. On peut orienter les joueurs mais on n’est pas un staff de Top 14, avec les moyens humains qui vont avec ! Ca reste un volet transversal pour l’heure.
Si l’on parle d’avenir, d’évolution du club, probablement à un niveau de jeu supérieur, pour moi, il est fondamental que l’on développe cet aspect dans l’organisation du staff. Mais aujourd’hui, pas un club de N2 n’a cette priorité, même si, pourtant, il est tout à fait légitime de vouloir entraîner aussi cette dimension de l’individu, du joueur.
Propos recueillis par Stanislas Madej